Sur les relations, par Krishnamurti

  • 2010

Pour la plupart d'entre nous, la relation avec l'autre est basée sur la dépendance, qu'elle soit économique ou psychologique. Cette dépendance crée de la peur, engendre en soi un empressement possessif, entraîne des frictions, des appréhensions, de la frustration. La législation et l’organisation appropriées peuvent éliminer la dépendance économique vis-à-vis des autres, mais je pense tout particulièrement à cette dépendance psychologique résultant du désir de satisfaction personnelle, de bonheur, etc.

Dans cette relation possessive, on se sent enrichi, créatif et actif; Il sent que sa petite flamme augmente grâce à l'autre. Afin de ne pas être privés de cette source de plénitude, l'un craint de perdre l'autre, et c'est ainsi que naissent les craintes possessives, avec tous les problèmes qui en résultent. Par conséquent, dans cette relation de dépendance psychologique, il doit toujours y avoir une peur consciente ou inconsciente, des suspicions qui restent souvent cachées derrière le son de paroles agréables. La réaction qui produit cette peur nous conduit toujours à rechercher la sécurité et l’enrichissement personnel par divers canaux, à nous isoler dans des idées et des idéaux ou à trouver des substituts à la satisfaction.

Le problème complexe de la relation est de savoir comment aimer sans dépendance, sans frictions ni conflits, comment surmonter le désir de s'isoler, de s'éloigner de la cause du conflit. Si, pour notre bonheur, nous dépendons d'autrui, de la société ou de l'environnement, ces facteurs deviennent essentiels pour nous, nous nous accrochons à eux et nous nous opposons violemment à toute modification de ceux-ci, car nous dépendons psychologiquement de ces facteurs. Pour notre sécurité et notre bien-être.

Bien que nous puissions percevoir intellectuellement que la vie est un processus de flux continu, de mutations nécessitant des changements constants, nous adhérons émotionnellement ou émotionnellement aux valeurs établies confortables; par conséquent, il y a une bataille incessante entre le changement et le désir de rester. Est-il possible de mettre fin à ce conflit? La vie ne peut exister sans relation, mais en la fondant sur un amour personnel et possessif, nous en avons fait quelque chose de pénible et d'horrible. Peut-on aimer et ne pas posséder? Vous trouverez la vraie réponse non pas dans les évasions, dans les idéaux et les croyances, mais dans la compréhension des causes qui conduisent à la dépendance et au désir possessif. Si nous pouvions comprendre en profondeur ce problème de la relation entre nous et l'autre, alors peut-être comprendrions-nous et résoudrions-nous les problèmes de notre relation avec la société, car la société ne Ce n'est que l'extension de nous-mêmes. Le médium que nous appelons société a été créé par les générations passées; Nous l'acceptons, même si cela contribue à maintenir notre cupidité, notre esprit possessif, notre illusion. Dans cette illusion, il ne peut y avoir ni unité ni paix. La simple unité économique produite par la contrainte et la législation ne peut pas mettre fin à la guerre. Tant que nous ne comprenons pas la relation individuelle, nous ne pouvons pas avoir une société pacifique.

Puisque notre relation est basée sur l’amour possessif, nous devons comprendre en nous-mêmes comment il naît, comment il agit et quelles en sont les causes. Lorsque nous devenons profondément conscients du processus que le désir possessif implique, avec sa violence, ses peurs, ses réactions, une compréhension totale, complète, vient. Ce n'est que par cette compréhension que la pensée se libère de la dépendance et du désir de posséder. C'est en soi-même que l'harmonie peut être trouvée dans la relation, pas dans l'autre ou dans l'environnement qui nous entoure.

Parlant de révélation de soi, voulez-vous dire que l'on se révèle à soi-même ou que l'on se révèle à autrui?

Krishnamurti: En effet, il est souvent révélé aux autres, mais qu'est-ce qui est important, de se voir tel qu'il est ou de se révéler à un autre? J'ai essayé d'expliquer que, si nous le permettions, chaque relation agit comme un miroir dans lequel nous pouvons clairement percevoir ce qui est tordu et ce qui est juste. Il fournit l'approche nécessaire pour voir précisément, mais comme je l'ai expliqué, si nous sommes aveuglés par des idées préconçues, des opinions et des croyances, nous ne pouvons pas, si intense que soit la relation, voir clairement, sans préjudice. Dans ce cas, la relation n'est pas un processus de révélation en soi. La principale question à considérer est la suivante: qu'est-ce qui nous empêche de percevoir exactement? Nous ne pouvons pas percevoir, à cause des opinions que nous avons sur nous-mêmes, à cause de nos peurs et de nos idéaux, de nos espoirs, de nos croyances et de nos traditions, qui agissent tous comme des voiles pour la perception.

Sans comprendre les causes de ces perversions, nous essayons de les modifier ou de nous y accrocher, ce qui crée plus de résistance et plus de douleur. Notre principal intérêt ne doit pas être de changer ce que nous percevons ou de nous y tenir, mais d’être lucidement attentif aux causes multiples qui produisent cette perversion. Certains peuvent dire qu'ils n'ont pas le temps de faire une telle attention, qu'ils sont trop occupés, etc., mais ce n'est pas une question de temps mais plutôt d'intérêt. Donc, quel que soit notre métier, il existe le principe de la perception alerte. Rechercher des résultats immédiats, c'est détruire la possibilité d'une compréhension complète.

Article Suivant